Cultiver des interstices. Les fabriques de sociologie. Extrait de la thèse de Léa Laval (2019)

Dans sa thèse de doctorat en sciences de l’éducation « Travailler les savoirs. Pour une université autrement populaire (Dialogues entre critiques en acte de l’université et pratiques en recherche de l’éducation populaire), soutenue à l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis le 15 novembre 2019, Léa LAVAL dans son chapitre IV revient sur l’expérience des Fabriques de sociologie ; elle le fait depuis sa participation à cet « espace », depuis ses pratiques en éducation populaire et, enfin, depuis ses engagements de chercheuse pour « une université autrement populaire ».

L’écrit de thèse de Léa Laval peut être consulté dans son intégralité ici : https://fabriquesdesociologie.net/Theses/2019/11/15/lea-laval/

Pour lire l’extrait retenu « Cultiver des interstices. Les fabriques de sociologie » : https://www.lfef.fabriquesdesociologie.net/wp-content/uploads/2024/09/Lea-Laval_Cultiver-des-interstices_-Les-Fabriques-de-sociologie_2019.pdf

Léa Laval, dans cet extrait (du chapitre IV) de la thèse, organise son développement en trois temps : « Je me sens comme en équilibre entre ce que j’ai appris à faire dans les domaines de l’animation et de la formation pour adultes, c’est-à-dire poser un dispositif de réflexion collective et travailler à tenir ce dispositif tout en restant à l’écoute de l’avancée du groupe, et ce rythme quasi-auto-régulé que je découvre aux Fabriques. Je l’analyse d’abord comme une habitude de travail dans laquelle se reconnaît le collectif dont je ne fais pas encore partie, mais aussi comme une écoute singulière des sensibilités du groupe. L’expérience a quelque chose de déphasant mais je me prends au jeu. Je suis d’un séminaire sur l’autre, parfois très impliquée dans l’organisation et la journée, parfois plus distanciée, parfois me laissant porter. Cette organisation flottante fera l’objet d’une première partie, dans la mesure où elle me semble caractéristique de cet espace-interstice inscrit à l’université sans avoir l’air d’en être.

Au-delà de cette organisation collective étonnante, la fascination est alimentée par de régulières rencontres improbables entre des langages et des manières de faire parfois étrangères les unes des autres. Des artistes, des travailleurs/ses sociaux et des chercheur·e·s (sans compter les doubles casquettes et les borderline) se croisent et s’essaient à réfléchir ensemble en expérimentant les lâcher-prises et les résistances des un·e·s au contact des manières de faire des autres. Ces expérimentations se jouent au niveau des individus mais aussi de la production de dispositifs hybrides, voire indisciplinés. Il me semble qu’il y a là des tâtonnements créatifs autour de la production de savoirs qui cherchent, si ce n’est à déranger, au moins à se décaler des manières institutionnelles, c’est ce que j’essaierai de développer dans une seconde partie.

Enfin, dans une troisième partie, je voudrai interroger la dimension dérangeante et politique de cet interstice, le rapport du collectif à la question de la transformation institutionnelle et sociale. La question est posée au sein du collectif mais pour l’instant peu mise au travail. La notion d’interstice, que j’ai choisie de poser en titre de cette partie, me semble l’appeler directement. Il s’agira de se pencher rigoureusement sur cette notion appliquée à l’espace des Fabriques et d’en étudier la portée politique. Que peut un interstice ? Et notamment au regard du niveau micropolitique dans lequel semble se situer les Fabriques. Comment poser les questions matérielles qui se posent à l’université et à chacun·e d’entre nous ? Que signifie le fait d’œuvrer depuis l’université ?

Pour poursuivre la lecture : https://www.lfef.fabriquesdesociologie.net/wp-content/uploads/2024/09/Lea-Laval_Cultiver-des-interstices_-Les-Fabriques-de-sociologie_2019.pdf